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de désaccord et d’hostilité. L’impression s’accroissait encore par le déploiement énorme de troupes en armes ; tant de soldats pour préserver la statue d’un pacifique au cœur bon ! Quel malentendu était-on donc parvenu à créer pour qu’il fût nécessaire de garder toutes les issues, de barricader les rues, de promener partout des patrouilles et de tenir prêtes ces menaçantes réserves. Du haut de la cathédrale flottait au vent une banderole de calicot portant ces mots affirmatifs « Vive la république ! » Or, chacun sait que le dévouement de Renan à la démocratie fut plus résigné que convaincu, plus raisonné qu’enthousiaste. Mais voilà-t-il pas qu’à la dernière heure, plus haut encore, une seconde banderole se mit à flotter : Vive le Christ y lisait-on, et c’était, dominant cette foule, l’affirmation du conflit au milieu duquel Renan s’était si souvent affligé de vivre et qu’on exaspérait ainsi pour le glorifier après sa mort. Dans l’assistance, il dut chercher en vain ces délégués de l’Académie Française et du Collège de France qui, par excellence, possédaient le droit de louanger sa mémoire et qui l’eussent fait assurément de façon propre à le satisfaire ; mais ils n’étaient pas là. Du moment que la