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fois si intransigeant ; mais c’est à la condition que le président Loubet marque son désir de venir voir le pape. Or, dès à présent, les anticléricaux cherchent à peser sur le gouvernement français pour qu’il se refuse à cette démarche.

L’anticléricalisme a une large part dans l’enthousiasme parfois un peu exalté avec lequel on a fêté en France les souverains italiens ; ses partisans s’imaginaient ainsi, qu’on nous passe l’expression, « embêter le pape ». Le cardinal Sarto a manifesté en plusieurs occasions un patriotisme italien trop vibrant pour que Pie x n’en demeure pas influencé ; les succès de l’Italie ne doivent pas l’affliger outre mesure. En tous les cas le roi Victor-Emmanuel a montré de son côté un sens politique trop fin pour que les manifestations d’un anticléricalisme immodéré puissent lui donner du contentement. Bien loin d’être en opposition, les intérêts de la monarchie et ceux de la papauté sont liés les uns aux autres par tout un réseau de mailles très fines mais très résistantes que le vulgaire n’aperçoit pas. En dehors du désir compréhensible qu’ont les Italiens d’affirmer en toutes circonstances que le pape est entièrement libre — ce qui ne s’exprime jamais mieux que par les