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la chronique

d’une intimité trop absolue avec la France. Sans détruire la duplice ne conviendrait-il pas d’en relâcher un peu les liens et surtout de chercher ailleurs les fondements d’une sorte de protectionnisme monarchique et conservateur dont le besoin se fait sentir chaque jour davantage ? Guillaume ii désire la paix autant que quiconque ; il n’a pas intérêt à ce que l’alliance franco-russe disparaisse, mais puisque l’Italie a pu devenir l’amie de la France sans sortir de la triplice, pourquoi la Russie tout en maintenant la duplice, ne deviendrait-elle pas l’amie de l’Allemagne ? On laisse sa main, on retire son cœur ; c’est très simple. Le calcul est habile et l’exécution facile.

Au prince Henri de Prusse, fidèle interprète des pensées de son frère, incomba le soin de faire partager ces vues par l’empereur Nicolas. Beau-frère du tsar, il en avait tout le loisir au cours du séjour qu’il devait faire avec la princesse sa femme à Darmstadt, en même temps que les souverains russes. Personne ne saurait dire le résultat des entretiens intimes qui ont eu lieu à cette occasion. Des faits importants se sont produits toutefois qu’on ne doit point laisser passer sans commentaires.