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la chronique

les transformations prochaines. Mais encore, avait-elle la force et le prestige suffisants ? Cavour comprit qu’elle les aurait à la seule condition d’avoir remporté sur l’Autriche une victoire assez retentissante pour effacer Novare et Custozza, assez complète pour être suivie de l’annexion de la Lombardie. Il savait la valeur de la fanfaronnade lancée jadis par Charles Albert et douce à la vanité italienne : l’Italia fara da se, l’Italie se libérera elle-même ; elle n’a besoin de personne, elle fera bien ses affaires toute seule. Cavour connaissait les ressources des collectivités en présence ; il sentait que la nationalité vainquerait à la longue, par sa seule force, mais qu’elle pouvait vaincre tout de suite avec des canons et que le plus vite la besogne se ferait, le mieux cela vaudrait pour l’avenir. Et tout son effort tendit à ce but : se procurer l’allié puissant qui aiderait Victor-Emmanuel à battre les Autrichiens et si Victor-Emmanuel était battu, couvrirait et cacherait sa défaite sous le poids de ses propres lauriers ; de toutes façons, la cause italienne triompherait. Or, Cavour n’avait pas le choix. Les sympathies de l’Angleterre étaient aussi certaines que platoniques ; elles se traduiraient éventuellement par une