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la chronique

monde. Plus le temps marchera et plus l’on s’apercevra qu’un tournant de l’histoire fut franchi à ce moment là. Que de maux auraient pu être évités si Cecil Rhodes n’avait pas été éconduit par le gouvernement français ! L’erreur commise alors paraît difficilement réparable. En Extrême-Orient se dessine une situation qui n’aboutira pas nécessairement à une guerre anglo-russe mais qui exclue toute possibilité d’une collaboration amicale des deux pays. Par son alliance avec le Japon, l’Angleterre a reconquis très habilement la place prépondérante qu’elle occupait dans cette partie du monde avant ses déboires au Transvaal. Ce n’est pas l’expédition du Thibet, entreprise énorme et dont les conséquences seront indéfinies, qui facilitera les relations de bon voisinage. Pourvue de la Mandchourie et ayant un accès large et direct vers l’océan Pacifique, la Russie n’a certainement rien à faire au Thibet, tandis que pour l’Angleterre ce « toit du monde » est le seul passage commercial qui se puisse établir entre l’Inde et la Chine. Il n’en va pas moins que la puissance européenne qui, la première, établira son protectorat sur la très sainte cité de Lhassa, dominera moralement l’Asie. De