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comme au sud, et qui, en réalité, n’a rien ajouté au succès de la pièce dont elle déparerait, pour un peu, la beauté certaine.

Il y a des éloges qui nuisent et des garants dont la garantie fait du tort ; le snobisme des Ibseniens de Paris a toujours empêché les Français d’apprécier Ibsen et son école ; ils n’en apprécient pas moins, inconsciemment, les modifications que leur théâtre nouveau doit à ces influences étrangères. Par le canal d’Antoine, le fameux acteur devenu fondateur et directeur d’une des scènes les plus originales et les plus vivantes de Paris, ils ont été mis en présence d’une série de pièces écrites pour eux par des compatriotes et très ibseniennes dans la forme sans l’être dans le fond. À cela s’est ajouté le souci d’une interprétation serrant d’aussi près que possible la nature. Certes de semblables tentatives étaient hardies et souvent, ainsi qu’il advient aux initiateurs résolus, la mesure fut dépassée. Telles œuvres de François de Curel ou de Brieux n’ont forcé l’attention que par leurs exagérations et ont déplu en même temps qu’elles intéressaient. Mais ce n’est pas l’influence directe du théâtre Antoine, de ses auteurs et de ses acteurs qu’il faut considérer, c’est leur influence indirecte ;