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la chronique

Hervieu s’est donné pour mission de restaurer la tragédie dans sa simplicité primitive, sans rien répudier des conventions bourgeoises dont la vie moderne est remplie — de susciter, en un mot, l’horreur tragique du sein même de la société actuelle. Pour cela il a dû modifier sur trois points très importants les procédés dans lesquels se complaisaient la timidité des dramaturges et l’esprit routinier des spectateurs. Il a d’abord chassé de son théâtre l’élément comique lequel s’était introduit avec Augier et Dumas dans le drame et en était devenu un accessoire obligé. Il a, en second lieu, réparti sur ses divers personnages les qualités et les défauts distribués jusqu’alors de façon à rendre les uns sympathiques, les autres antipathiques : impression artificielle qui enlevait à l’œuvre représentée la plus grande partie de sa sincérité et de son exactitude ; il a enfin rompu avec la coutume invétérée d’aboutir à un « dénouement » qui réglât, soit par la mort, soit par le mariage, la plupart des problèmes soulevés ou des malentendus créés au cours de la pièce ; rien de semblable dans la nature ; car elle n’admet nul point d’orgue et, pour elle, la mort elle-même n’est pas une solution. Le chapelet des drames de