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la chronique

premier magistrat dès qu’il eût mis le pied sur le sol anglais. Impossible de nier la spontanéité charmante des hommages qui furent prodigués au président. « Good old Loubet », dont la simplicité et le fin sourire plurent tout de suite aux Anglais, devint là-bas le personnage le plus populaire de l’année. Sa réception par le lord-maire marqua l’apogée de son triomphal séjour et le bruit des acclamations suivit sur mer le navire qui le ramenait en France. À partir de ce moment, l’entente cordiale fut à l’ordre du jour. La présence d’Édouard vii à Paris avait permis de constater combien peu de véritable anglophobie se dissimulait sous les traditionnels épigrammes que le parisien décoche aux « English » chaque fois qu’il en a l’occasion. Le voyage du président à Londres servit à mesurer la solidité et l’intensité des vieilles sympathies héréditaires que la France compte au-delà du détroit. Elles cherchaient, depuis longtemps, l’occasion de se manifester. « Si le président Carnot venait à Londres, disait-on dans la Cité, il y a douze ans, il y serait reçu mieux que n’importe quel souverain. » Et l’événement est d’autant plus caractéristique que, dans l’intervalle, s’étaient produits les épisodes irritants de Fachoda et du