Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1903.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
la chronique

la Balise défendait l’entrée du fleuve sur le golfe du Mexique. Par malheur le commerce était nul ; en 1707 aborda le premier navire marchand ; la France en guerre avec l’Europe oubliait le pauvre gouverneur Bienville et ses cinquante soldats. Aucun défrichement n’avait pu être entrepris ; les vivres venaient de Saint-Domingue ; s’il manquait un bateau, la disette éclatait parmi les 279 Européens et les 60 Canadiens qui composaient toute la population blanche. La misère augmenta sous le gouvernement de Diron d’Artaguette lequel, cinq années durant, ne reçut pour ainsi dire aucun secours de la métropole.

Ce ne fut pas le privilège commercial accordé au financier Crozat en récompense des services rendus par lui à la couronne pendant la guerre de la succession d’Espagne qui remédia à une aussi lamentable situation ; on cherchait en vain d’introuvables mines sur lesquelles le nouveau gouverneur, M. de la Mothe-Cadillac, comptait pour remplir les coffres de la colonie. Entre temps il fallait résister aux Indiens souvent révoltés, aux traitants anglais qui déjà cherchaient à rompre la ligne des forts français pour pénétrer dans l’ouest — et éventuellement aux Espagnols de Floride