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ment énergique. Il n’y a pas à nier que la France n’influe sur ceux-là ; elle modifie leur mentalité sur beaucoup de points mais il est absolument faux qu’elle les conquière ; c’est même étonnant qu’elle n’y parvienne pas mieux et la question vaut d’y réfléchir un instant. M. Novicow paraît confondre attrait avec empreinte. L’attrait exercé par la France est énorme ; l’empreinte qu’elle pose reste à fleur de peau. Les deux phénomènes ne sont pas contradictoires. Une grande part de la séduction française est faite de grâce et d’harmonie ; mais une plus grande part est faite de liberté. Notre nation si lente et si peu habile à réaliser l’idéal de tolérance politique qu’elle avait proclamé bruyamment, a su atteindre un idéal de tolérance intellectuelle et sociale auquel nulle collectivité avant elle n’aurait osé prétendre. L’étranger qui vient résider en France subit l’influence de cette atmosphère ; il jouit de la quintessence du charme qui l’entoure sans être obligé, pour le goûter, de perdre ses caractéristiques nationales. Il participe à tous les agréments de l’existence qui lui est offerte sans renoncer aux traditions, aux habitudes de son propre foyer. Vivre à la française en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis n’est