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danger d’une pareille entreprise. Si l’on écartait les indigènes de la morale musulmane avant qu’ils fussent en état de s’attacher à la nôtre, le seul résultat auquel on atteindrait consisterait en un déplorable abaissement des mœurs. Il y a en Algérie, 115 à 120 familles maraboutiques, pas davantage ; nous sommes en rapport avec quelques-unes d’entre elles. Quant aux confréries, les principales sont celles des Tidjanya, dont le siège est à Temacin, près de Touggourt, des Moulaï-Taieb qui a son centre au Maroc, des Bou-Kobrim, des Sidi-Abdelkader, et enfin des Senoussis ; cette dernière est de beaucoup la plus fanatique. Sa haine s’étend à tous les européens sans exception ; son siège est dans le désert de Cyrenaïque, à l’oasis de Koufra. Les Sidi-Abdelkader prennent leur mot d’ordre à Bagdad ; ils sont puissants dans le Touat ; le fameux Bou-Amama en faisait partie. Les Moulaï-Taieb nous sont ouvertement favorables ; quant aux Tidjanya, sympathiques en Algérie, ils se montrent hostiles sur le Niger et au Sénégal, ce qui prouve d’ailleurs que ces confréries sont moins unies — et partant moins redoutables — qu’on ne le croit généralement. Le péril ne devient réel que lorsque surgit un de ces prophètes