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Le voyage présidentiel.

Le président de la République a pu, cette année, s’en rendre compte de ses propres yeux. Son voyage à travers nos possessions de l’Afrique septentrionale a marqué une date importante de leur histoire. C’est une étape qui est franchie, un cycle qui s’est clos, une période nouvelle qui s’est ouverte. Depuis longtemps, la visite du chef de l’État était attendue mais le projet eut été difficile à exécuter plus tôt. L’Algérie que parcourut Napoléon iii était une région militaire, s’opéraient des grandes manœuvres incessantes ; on n’y voyait guère que des uniformes et des burnous ; l’avenir de la colonie demeurait incertain, son utilité contestable ; la domination française s’y maintenait au prix de grands efforts et la continuité même de ces efforts empêchait d’en prévoir de plus étendus et de plus décisifs qui, seuls, eussent pu donner à l’œuvre entreprise son orientation rationnelle et sa valeur certaine. La France d’alors était on ne peut moins coloniale ; en général, les époques de richesse et de joie sont peu favorables à l’essor colonial et les Français du second empire étaient riches et joyeux.