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la chronique

Nous ne voudrions pas mêler à un sujet aussi grave des points de vue fantaisistes et une plaisanterie risquerait ici de paraître déplacée. Si nous disons toutefois que M. Émile Combes pourrait bien, quelque jour, se voir canoniser par l’Église, nous ne ferons que donner une forme légère à une pensée sérieuse. Quiconque examine la situation de sang-froid et sans préjugés reconnaîtra que la politique anti-cléricale actuelle doit fatalement aboutir à une réaction en France et tourner au bien final de la religion et de l’Église ; et cela pour deux motifs : le premier c’est que la grande majorité des Français, malgré l’évolution qui les a certainement transformés sur beaucoup de points, demeurent attachés aux formes extérieures du culte catholique et selon un mot très juste et très pittoresque « repoussent le prêtre dans le sanctuaire lorsqu’il en sort mais s’empressent de l’y aller chercher dès qu’il s’y renferme » ; le second motif c’est que le sentiment religieux réveillé et rénové dans l’univers entier, en même temps qu’il s’y épure et s’y élargit, ne laisse aucun espoir d’avenir aux doctrines nouvelles de solidarité et d’humanitarisme. Il y a dix ans on pouvait hésiter encore sur l’orientation prochaine ; aujour-