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ment matérielle. C’est par l’éducation et le raisonnement que nous arrivons à placer au premier rang des qualités viriles, l’abnégation, le désintéressement, l’empire sur soi-même ; mais chez les plus cultivés subsiste un arrière-plan de secret dédain pour les hommes qui manquent d’« allure mâle » et ne font parade ni de leur force physique ni de la fougue de leur sang, chez qui les passions violentes ne se laissent point deviner et qui renoncent ouvertement au contact des armes et au commerce des femmes. Le petit bourgeois le plus pacifique et le plus sédentaire sent encore en lui bouillonner une goutte de la sève épanouie jadis en un d’Artagnan ou quelque autre mousquetaire botté et empanaché. Il ne faut pas trop médire de ces tendances ; le génie national leur est redevable d’une large part de sa grâce et de sa vigueur. Mais le prêtre, voué au célibat et enfermé dans sa triste robe en est l’habituelle victime ; et cela est si vrai que, paraissent un moine audacieux comme le Père Didon où un prélat conquérant comme le cardinal Lavigerie, ceux-là deviennent aussitôt populaires parce que justement la virilité de l’âme s’est traduite dans le geste.