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accentué son caractère de neutralité religieuse et eût exonéré ses fonctionnaires de toute obligation, même morale, d’assister aux exercices du culte, il ne resta plus trace des pratiques qui avaient pu, parfois, gêner les plus scrupuleux d’entre eux : leur indépendance, à cet égard, fut complète.

Le « joug clérical » dont on fait si grand bruit en France demeure dans ce pays, lorsqu’il est laissé libre de s’exercer, un joug de pure forme ; c’est beaucoup trop, assurément, mais combien souvent dans le passé et même de nos jours, en d’autres pays, sont-ce les croyances intimes, le jugement, la manière de voir et de penser qui ont été l’objet d’abominables persécutions ? L’inquisition n’avait point pour but de faire exécuter certains gestes, mais de pétrir les âmes selon de certaines données et l’esprit de l’inquisition a fait, sous de moins farouches aspects, plus d’une réapparition dans le monde. En France, chose curieuse, il ne s’est guère manifesté que chez les Terroristes de 1793. Les vils massacreurs de la Saint-Barthélémy n’étaient point mus par cet esprit là ; ils ne se souciaient pas plus du véritable point de vue religieux que les auteurs