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la chronique

C’est en Bretagne, comme on pouvait s’y attendre, que l’agitation à laquelle M. Gabriel Monod faisait allusion, atteignit son paroxysme. Là, les fermetures d’écoles revêtirent un caractère dramatique. Des paysans, armés de fourches et de faux, montèrent pendant des jours et des nuits, une garde vigilante autour des établissements menacés ; des villages entiers entrèrent en révolte contre l’autorité et c’est merveille qu’il n’y ait pas eu plus d’accidents à déplorer, plus de sang répandu ; on en est redevable à la sagesse des députés de la région et des officiers de police chargés des opérations ; malheureusement la police ne suffisait pas et il a fallu, en plusieurs endroits, réquisitionner les troupes elles-mêmes. Il advint que deux officiers supérieurs, le lieutenant-colonel de Saint-Remy et le commandant Leroy-Ladurie refusèrent de se plier aux ordres qui leur étaient donnés et pour ce refus d’obéissance passèrent au conseil de guerre. Le premier fut condamné à une peine insignifiante que le ministre de la guerre s’empressa d’aggraver ; le second trouva, parmi ses pairs, des juges moins indulgents ; tous deux, en somme, virent leur carrière brisée aux applaudissements frénétiques des jacobins transformés en