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grave qu’il le paraît à première vue. Évidemment le respect de la liberté individuelle n’a pas suffisamment pénétré jusqu’ici dans l’âme Française ; si pourtant la pratique du domicilio coatto chère à feu M. Crispi s’implantait en France, la révolte serait générale. Mais habituée à envisager une congrégation comme une sorte de famille artificielle (c’est le vieux point de vue catholique) l’opinion n’a pas trouvé extraordinaire que les religieuses expulsées fussent dirigées sur leurs maisons-mères ; le gouvernement qui prétend ne connaître dans le congréganiste que l’individu, a manqué là une belle occasion d’appliquer sa théorie et il a montré que la force de l’habitude était plus grande que celle de la logique. Il a commis une maladresse analogue à celle des ministres de 1886, lesquels en frappant spécialement les chefs de familles ayant régné sur la France et leurs héritiers mâles, par ordre de primogéniture, rappelaient fort inconsidérément la loi salique et les avantages de l’hérédité à un pays qu’on pouvait croire encore imprégné d’esprit monarchique. Dans la circonstance présente, il eut été de bonne politique d’insister sur la différence entre la congrégation, être moral qu’on poursuit et le congré-