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donc au changement et se laisse arracher les réformes une à une. Pour le socialiste, la mise en commun de tous les moyens de production et la répartition égalitaire de tous les biens constituent l’idéal suprême et définitif vers lequel tend l’humanité et dont il faut hâter le plus possible la réalisation ; ce sont là des manières de voir absolument claires ; il y aura sans doute des tempéraments, des nuances d’opinion ; le conservatisme oscille entre l’esprit réactionnaire et l’esprit libéral selon qu’il prétend restaurer par moments des morceaux du passé ou qu’il consent à favoriser certains progrès qui lui semblent justes : le socialisme aussi a ses modérés et ses violents, les premiers espérant de l’évolution pacifique ce que les seconds n’attendent que de l’audace révolutionnaire. Mais ces deux grands partis possèdent chacun une doctrine centrale autour de laquelle rayonne leur activité. Le centre du parti radical est essentiellement mouvant ; s’il répondait à l’étymologie du qualificatif qui le distingue, il irait rapidement se confondre avec le socialisme pour atteindre au-delà, à l’anarchisme intégral. Qu’est-ce que c’est qu’un radical qui s’arrête en chemin ? Ne ment-il pas au nom qu’il porte ? En