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eût occupé pendant quelques mois le ministère de l’Instruction Publique, où il s’était signalé par une circulaire, d’ailleurs pleine de bon sens, relative à la prononciation du grec à la moderne dans les collèges (réforme qui ne fut jamais appliquée), son nom était demeuré très inconnu et il ne s’était pas acquis non plus, au sein du parlement, la réputation d’un homme d’État éventuel. Quelle pouvait être l’arrière-pensée de M. Waldeck-Rousseau en poussant en avant une personnalité si effacée ? Les conjectures allèrent leur train.

Une idée domina toutes les autres, c’est que M. Waldeck-Rousseau se réservait pour la présidence de la république, et que, dans ce but, il tenait à ne point s’user au pouvoir, à se retirer en plein triomphe et à se faire remplacer par quelqu’un qui lui restât manifestement inférieur et dont l’administration fût en contraste avantageux avec la sienne. Nul n’a le droit de certifier que telles aient été les vues du premier ministre : l’opinion, du reste, répugne volontiers à penser que des hommes d’une si haute valeur puissent se laisser guider par des motifs d’un ordre aussi exclusivement personnel. Il n’en est pas moins