Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
de france

Temps perdu.

Nous n’irons pas jusque-là, sans doute ; les circonstances ne s’y prêtent plus et quand bien même un retour offensif des manières de penser et de certaines pratiques jacobines indiquent à quel point les Français subissent encore facilement, au bout de cent ans, les entraînements du dévergondage révolutionnaire, l’Europe est désormais trop organisée, trop stable, trop « sur l’œil » pour que des crimes de cette sorte puissent s’y perpétrer librement. Le gouvernement de la république d’ailleurs, n’est nullement aux abois ; les rouages y sont encore à leur place ; les pouvoirs publics ont eu le temps de s’affermir ; des traditions ont pris racine contre lesquelles on peut formuler tous les reproches que l’on voudra ; ce n’en sont pas moins des traditions, c’est-à-dire une source de forces indiscutable et qui était tarie depuis bien longtemps. Il ne faut donc pas s’exagérer la portée du mouvement actuel ; il avortera quelque jour. Ce jour-là, le Français retournera à ses besognes normales et à ses soucis naturels, l’esprit délesté de toutes les belles doctrines et de toutes les utopies harmonieuses par lesquelles on aura,