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la chronique

Conséquences nationales.

Les conséquences du mouvement sportif intense qui s’est dessiné en France depuis 1887 sont déjà visibles. Les plaintes des cafetiers gémissant sur leurs billards délaissés indiquent un premier effet qui, étant donné l’influence énorme qu’exerçait la fréquentation du café sur la vie morale et sociale des Français, a déjà une importance capitale ; le goût des récréations de plein air et de l’activité musculaire s’implante et remplace les flâneries en face de la néfaste absinthe. La chose est certaine. D’autre part, on remarque dans la jeune génération des tendances à l’audace, à l’initiative, à l’esprit d’entreprise et comme ni l’enseignement ni la vie scolaire n’ont encore été transformés de façon à produire de tels effets, il faut bien les attribuer aux exercices physiques. L’évolution des idées est plus malaisée à déterminer : il n’apparaît pas que le sport soit pour beaucoup dans la substitution de la force à la liberté comme idéal national. C’est le monde civilisé tout entier — et ici la France suivrait plutôt sans enthousiasme, bien loin qu’elle précède — c’est, disons-nous, le monde civilisé tout entier qui se laisse