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lité exacte mais bien lointaine alors qu’il en négligeait d’autres beaucoup plus proches et partant, plus décisives : et avant tout, celle d’Édouard Drumont ; de cet homme néfaste on peut dire qu’il fut non seulement l’instigateur de l’antisémitisme mais le créateur du sémitisme en France. Si la haute finance israélite a joué, dans les événements politiques de ces dernières années un rôle qu’il est difficile de nier désormais, on doit reconnaître que ce fut un rôle défensif ; non plus seulement défensif d’intérêts professionnels comme dans la fameuse affaire de l’Union Générale[1] mais des droits naturels de la race menacés par l’espèce de persécution sociale qui s’organisait sous l’influence de Drumont. Il est relativement aisé de prêcher la haine ; il l’est moins d’y apporter la persévérance, l’ardeur et l’habileté déployées par l’auteur de la France Juive dans cette regrettable campagne. Quand Drumont entreprit sa propagande, les haines religieuses sommeillaient ; il les réveilla et n’eut de cesse que lorsqu’il ne craignit plus de les voir s’apaiser. C’est l’influence de ses

  1. Banque fondée par M. Bontoux avec un caractère nettement anti-juif et qui fut ruinée par les financiers israélites.