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la chronique

empêcher le peuple de s’en éprendre et un voyageur Anglais, parcourant notre pays, fut amené à exprimer sa stupéfaction de ce que les Français prissent tant d’intérêt aux exercices du corps ; il fit le dénombrement des salles de paume, s’émerveillant de les trouver toujours remplies et contrastant cet état de choses avec celui tout inverse qu’il avait observé dans son propre pays. Quant aux tournois, s’ils ont fleuri en Italie, en Espagne, et surtout en Allemagne, il est probable que le goût n’en déborda point jusque parmi la classe inférieure ; en France, au contraire, le tournoi frappa l’imagination populaire au point de lancer l’un contre l’autre des cavaliers sans écus montés sur de misérables rosses et qu’actionnait l’ivresse sportive de la lutte à qui sera le plus fort ou le plus habile.

Aux approches de la révolution, il ne restait plus rien de ces mœurs viriles : l’effort de la race tendait depuis longtemps déjà à se dépenser en idées et en projets de réorganisation politique ou sociale. Loin de provoquer un élan vers le développement voulu et systématique des forces musculaires, les guerres de la première république et du premier empire engendrèrent chez