Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
la chronique

œuvres basées sur des idées saines et justes, et leur action s’est exercée très utilement pour des quantités de miséreux. Mais d’une façon générale, prises dans leur ensemble, les œuvres ne remplacent pas la charité individuelle, l’action de l’homme aidant spontanément son semblable sans autres mobiles que l’esprit de fraternité et la pitié. C’est là que Paris nous semble tenir le record du dévouement. Femmes de la haute société qui parcourent les quartiers misérables, apportant elles-mêmes des secours, des provisions et la consolation de leur présence — hommes modestes dont la vie mondaine se double d’une autre existence ignorée parfois de leurs amis et entièrement consacrée aux malheureux — petits ménages aux maigres ressources qui trouvent moyen de faire large, dans leur budget, la part des pauvres — sœurs de charité laïques, restées dans le monde mais y vivant une vie d’abnégation et de détachement, il y a dans Paris tout un état-major composé de ceux-là et dont les belles actions s’accomplissent dans l’ombre. Et cet esprit de charité descend jusqu’aux pauvres eux-mêmes ; ils s’entr’aident avec une générosité et un désintéressement sans pareils. Non seulement ils partagent le