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la chronique

de s’enrichir, s’éprend de théories séduisantes, d’utopies ingénieuses. Avec sa facilité à comprendre, on meublerait rapidement son cerveau d’idées saines, fécondes ; laissé à lui-même, il le meuble de notions incomplètes, de données inexactes sur lesquelles il échafaude des raisonnements brillants et captieux à l’aide desquels il se trompe lui-même.

Ses qualités de cœur se tournent vers ses pareils ; la fraternité chez lui n’est pas un vain mot ; il en a le sentiment et l’instinct ; il est dévoué jusqu’au sacrifice pour ceux de ses frères qui sont plus malheureux que lui ou qui ont besoin de son aide. Avec cela, il est léger, mauvaise tête, parfois paresseux, ami de la nouveauté et du changement. Malgré tout il est digne d’intérêt, susceptible de s’améliorer et, dans ce tryptique où nous tentons d’esquisser, d’un trait hâtif, « ceux qui peinent » on ne peut s’empêcher de penser qu’il représente l’avenir, comme le petit commerçant représente les métiers du passé et le petit employé, l’administration terne du présent. Le petit commerçant Parisien se meurt ; à moins d’une révolution économique qu’on ne saurait prévoir, on ne peut lui rendre la vie ; le petit employé est endormi dans sa routine ; rien ne servirait de le réveiller ; il est