Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
la chronique

Que dire de l’ouvrier ? Ceci est un vaste sujet que nous ne pouvons traiter à fond. Le milieu ouvrier de Paris est, au premier aspect, très complexe. D’abord il confine à la politique ; une partie des ouvriers s’en occupent activement et bruyamment ; ceux-là sont moins nombreux, il est vrai, qu’on ne pourrait le croire. Ensuite, il y a les nomades, ouvriers de province qui viennent régulièrement dans la capitale exercer leur métier à périodes fixes ; ils vivent généralement entre eux, gardant leurs idées et leurs habitudes. Il y a encore les étrangers qui, le plus souvent, rencontrent devant eux des jalousies et des haines de races et n’aiment point Paris, mais y demeurent faute de ressources suffisantes pour retourner chez eux ou pousser plus loin. Lorsque de grands travaux s’exécutent — aux approches des expositions notamment — les ouvriers étrangers et les provinciaux affluent vers Paris. Au milieu de cette masse de travailleurs, il devient difficile d’isoler pour l’étudier, le véritable ouvrier Parisien. Celui-là existe pourtant et sa physionomie est assez sympathique. Il a de l’intelligence et du cœur ; son malheur vient de ce que, jusqu’ici on ne lui a rien donné à comprendre et rien à