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la chronique

1793, un « civisme » irréprochable excusent bien des audaces. M. Waldeck-Rousseau aimait à se taire et son silence en imposait autour de lui. M. Combes serait mal venu à vouloir faire taire ses collaborateurs (encore qu’il ait dû tempérer les écarts de langage de l’un d’eux), car il parle lui-même énormément. Et d’autres parlent encore qui sont plus âgés et ont derrière eux une longue expérience d’hommes d’État : M. Henri Brisson par exemple. Le leader radical, réunissant l’année dernière en volume le texte de ses derniers discours, leur donnait pour préface une page bien curieuse dans laquelle, prenant occasion des agitations de l’opinion et notamment des harangues prononcées peu auparavant par deux célèbres Dominicains le P. Olivier et le P. Didon, il s’indignait de façon véhémente contre cette « danse de Saint-Gui » de la réaction. Le mot est malheureux, car la danse de Saint-Gui, ce sont présentement M. Brisson et la majorité qui en paraissent atteints. Quel autre nom donner à ces explosions de colères, à ce poing perpétuellement tendu qui servent d’arguments préférés à des vainqueurs beaucoup plus acharnés, semble-t-il, au lendemain de leur victoire qu’à la veille de la bataille ?