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la chronique

souvent aussi l’imprécision et la fadeur vaniteuse.

On entend qu’il existe maintes exceptions des plus honorables pour la littérature Parisienne ; n’empêche que tel est le courant général. L’intellectuel tend à sacrifier le beau idéal à l’agrément immédiat ; il préfère le champagne à l’ambroisie et le commerce des jolies femmes à celui des Dieux. Volontiers, il cherchera à concilier son souci de l’art avec ses tendances pratiques et ses ambitions d’arriviste. Mais l’équilibre entre ces choses est trop dur à maintenir : on le rompt même inconsciemment. Tel écrivain se persuade être l’amant de l’art lorsqu’il est surtout l’esclave de son intérêt. Ainsi la position de l’intellectuel Parisien en vogue est devenue trop enviable et dans le même temps son mérite a baissé ; les deux phénomènes sont connexes. Servi par l’avènement d’une démocratie pacifique, héritier d’un long et beau passé, trouvant à sa portée les armes faciles du journal et de la conférence, il est devenu, sur les bords de la Seine, l’un des piliers de la belle société ; tout aussitôt, il s’est trouvé légion, légion ambitieuse et trébuchante qui se bouscule pour s’asseoir dans quelques fauteuils et produit en fin de compte un petit nombre d’heureux pour