ment aux obstacles, se laisser égarer par les mirages trompeurs ou dévoyer par les louanges mensongères. On le voit trop rarement résister d’une façon totale à tant de néfastes actions combinées.
Nulle part, à l’heure actuelle, la vie de l’homme de lettres n’est aussi étroitement mêlée à la vie sociale qu’à Paris. Cela tient à deux causes. En premier lieu, la liberté presque absolue de tout dire et de tout publier qui jamais n’avait été aussi complète que sous la république et jamais surtout n’avait subsisté intacte pendant une si longue période ; en second lieu, l’absence de cour et la présence d’un gouvernement anonyme, impersonnel dont les pompes seraient un peu minces s’il n’y avait pour les rehausser, les spectacles de la Force ou les fêtes de l’Esprit. Derrière le représentant d’une dynastie établie par la victoire ou consolidée par les siècles, les Académies marchent à leur rang de service public, suivant le chef et se tenant plus ou moins dans son ombre. Ôtez le souverain et elles incarnent à elles seules la pensée nationale dont il était, en quelque sorte, le gardien héréditaire. Il en sera partout ainsi, mais surtout en France où la pensée nationale plonge si profondément dans le passé et concentre tant d’espérances.