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trouvé soudain en présence de véritables écuries d’Augias et qu’il a entrepris héroïquement d’en accomplir le nettoyage. Le mot n’a pas été prononcé, mais la pensée perce à travers tous les discours ministériels. Et Dieu sait s’il en a été prononcé de ces discours ! À part M. Delcassé et le ministre des Finances M. Rouvier, qui n’appartiennent pas au même parti que leurs collègues et, sauf lorsqu’il s’agissait des affaires de leur compétence spéciale, ont observé un silence complet et significatif, tous les autres ministres se sont répandus en une débauche d’éloquence sans précédent dans nos annales parlementaires.

Ils ont couru aux inaugurations de tout genre qui sollicitaient leur fécondité oratoire et les sujets les plus variés leur ont servi de thèmes pour développer une idée unique : la République est en danger ! On doit même admirer les biais ingénieux qui ont permis à plusieurs d’entre eux de faire sortir cette idée des circonstances les moins propres à la mettre en relief. Quand on préside une réunion de commerçants ou que l’on inspecte les travaux d’un port de guerre, les dangers du cléricalisme ne sont pas faciles à introduire. Mais une conviction ardente ou — comme l’on disait en