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nie qui ne semblait pas, par sa naissance, destinée à occuper un trône et qui avait beaucoup vécu la vie banalement enfiévrée des hôtels et des villes d’eaux, attira à Paris nombre de cosmopolites peu lettrés mais passionnés pour le plaisir. Ce fut-là l’origine de ceux qu’en argot Parisien on nomme les rastaquouères. Les rastaquouères n’ont pas nécessairement des cheveux luisants de pommade, des moustaches cirées, un accent méridional et de gros diamants montés en bagues et en épingles de cravate. Il en est qui parlent un Français très pur et s’habillent avec goût ; mais ce sont des nomades ou, comme dirait Maurice Barrès, des « déracinés ». Ils viennent faire une saison sur le boulevard des Italiens comme des Londoniens font une promenade à cheval dans Rotten Row. La saison a beau se prolonger, ils ne prennent pas pied dans le sol. Ils ne deviennent jamais des « Parisiens » au vrai sens du mot et encore moins des Français. Ils sont chez eux aux Folies-Bergère ; le boulevard est leur domaine ; tous les endroits où l’on s’amuse leur sont familiers, mais le reste de Paris leur demeure aussi inconnu que le Soudan ou le Pamir. Or, ce qui distingue justement le Parisien le plus frivole,