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la chronique

contribue dans une large mesure à entretenir cette prospérité, il faut éviter de confondre le luxe avec le plaisir qui n’enrichit que certaines industries au détriment des autres et par contre affaiblit la vie intellectuelle et compromet la vie morale de la nation.

Ce fut, dès le début du règne de Napoléon iii une succession ininterrompue de fêtes. L’impératrice Eugénie y donnait tous ses soins ; le résultat fut la création d’une société parisienne dont toute l’existence tourna autour du plaisir comme autour d’un pôle. Cette société est-elle beaucoup plus nombreuse à Paris qu’ailleurs ? C’est peu probable. Proportionnellement au chiffre de la population, la part faite au plaisir est certainement plus grande à Naples, à Rome ou à Venise ; seulement le plaisir Parisien est peu discret ; il se laisse voir et même se fait voir volontiers. La presse s’en occupe beaucoup et ceux-là même qui ne s’y adonnent pas veulent être renseignés sur les faits et gestes de ceux qui s’y adonnent. Nulle part la chronique théâtrale et mondaine ne tient une aussi grande place qu’à Paris. Les journaux de Londres ou de New-York rendent compte en détail des dîners ou des bals, racontent ce qui se passe dans