Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
la chronique

perdre serait pour lui et pour les siens le malheur suprême. À cet égard, nous sommes bien du vieux monde et le contraste est absolu entre Paris et les cités Américaines par exemple.

En Amérique, la richesse est libre ; vous faites de vos écus ce que bon vous semble. Votre maison, votre train de vie, vos dépenses de table ou d’écurie ne sont pas nécessairement en rapport exact avec vos revenus. À Paris, c’est le contraire ; d’une manière générale, on peut dire que tous ceux qui possèdent 100, 200 ou 300 mille francs de rente vivent de la même manière, ont le même nombre de domestiques et de voitures, mangent la même cuisine, s’habillent de même, etc… Il y a comme une hiérarchie de la fortune due, certainement, à l’existence d’une aristocratie elle-même étroitement hiérarchisée et dont les habitudes et les manières ont influé comme de raison, sur tout l’ensemble de la société. On entend parfois des étrangers exprimer quelque surprise à propos de la banalité de nos logis Parisiens et d’autre part, des Français revenus du nouveau-monde s’extasier sur « l’originalité » de ses habitants. Cette originalité n’est autre chose que le goût personnel, la fantaisie de chacun