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étrange coïncidence, l’élève est mort comme on allait inaugurer la statue du maître. Il aura, lui aussi, son monument et l’heure alors sera mieux choisie pour analyser son talent et fixer son rang dans la phalange des grands littérateurs. Malgré que les funérailles imposantes faites à Zola se soient déroulées au milieu de la décente réserve de ses ennemis et du discret enthousiasme de ses partisans, le souvenir de cet homme est trop intimement mêlé à des luttes récentes pour que le jugement porté sur son œuvre puisse être formulé avec toute l’impartialité désirable ; c’est une œuvre puissante et qui veut du recul ; au lendemain de la disparition de Balzac, l’inventaire de ses mérites et de ses défauts n’eut pu se faire en toute justice. Nous parlerons de ce grand disparu une autre fois en même temps que nous reviendrons aux vivants. Cette année-ci était celle des centenaires et n’est-ce pas pour la France l’occasion d’un glorieux orgueil que d’avoir pu, en moins de douze mois, célébrer des mémoires comme celles de Victor Hugo, d’Auguste Comte, de Balzac et de Dumas ? Admirez les dimensions de ces célèbres cerveaux ; admirez surtout leur variété ; c’est de quoi les Français ont le droit de se montrer le plus fiers.