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ronnement de son système. Mais tel n’est pas le cas. Les penseurs ne s’attardent point à ses conceptions sociales : ils lui sont reconnaissants de la méthode admirable dont il a posé les bases et développé les préceptes, de cette méthode qui se tient à égale distance d’un éclectisme facile et d’un expérimentalisme tyrannique, de cette méthode qui cherche dans le passé le moyen de déterminer l’évolution présente et les tendances à venir et qui ne permet ni à la raison de primer les faits, ni aux faits de se passer de la raison. Qu’une telle méthode ait guidé dans des vues différentes des hommes comme Claude-Bernard, Renan, Taine… qu’elle ait éclairé les historiens et même transformé le roman, qu’elle ait surtout rayonné au loin et exercé son influence sur les travailleurs intellectuels des pays les plus divers, rien de bien surprenant. Ce qui l’est davantage, c’est qu’une action si puissante et si générale ne soit pas mieux reconnue ni plus souvent proclamée ; mais selon la fine observation de M. Lévy Bruhl, « l’esprit de Comte s’est si intimement mêlé à la pensée de notre temps qu’on ne l’y remarque presque plus, comme on ne fait pas attention à l’air qu’on respire ». Voilà, certes, le plus bel éloge