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la chronique

Auguste Comte insuffisamment louangé.

Si tous les libres esprits ont eu le droit et le devoir de se réjouir des hommages qui furent rendus à Auguste Comte le 19 mai dernier à l’occasion de l’inauguration de son monument sur la place de la Sorbonne à Paris, les amis de la Vérité ne peuvent que regretter, d’autre part, que ces hommages se soient adressés au positivisme plutôt qu’à son fondateur, aux disciples de Comte plutôt qu’à Comte lui-même. Et si le grand philosophe avait assisté à la cérémonie, peut-être n’eût-il plus reconnu ses idées dans les exposés qui en furent faits, ce matin-là, devant sa statue. La présence du général André, qui présidait, était une première anomalie et non des moindres, car, dans l’organisation de la cité future, s’il est une institution que Comte n’a point prévue, à moins — chose plus probable — qu’il ne l’ait volontairement répudiée — c’est, à coup sûr, l’institution militaire. Mais le ministre de la guerre ne s’embarrasse pas pour si peu et son discours en témoigne. Avec la brièveté tranchante d’un ordre du jour, il résume en trois paroles l’évolution de la philosophie, proclame la mort de la théologie, com-