qu’utile ; des forêts entières disparaîtront ; des branchages de génie joncheront le sol. Qu’importe si le reste, du moins, s’éclaire d’une gloire définitive ? Cette édition restreinte devra contenir le plus pur de toutes les formes revêtues par l’esprit vivant du poète, du prosateur, du philosophe ; il en résultera un recueil qu’il faudra présenter au public sans le secours d’aucune analyse explicative ni d’aucune critique louangeuse, sans l’addition d’aucun renseignement biographique ou bibliographique. Ainsi le lecteur pourra croire que Victor Hugo n’a jamais rien écrit d’autre ; il ignorera les imprécations vibrantes, les appels éloquents, les protestations formidables, toutes ces beautés d’un jour qui soulèvent les contemporains et rebutent la postérité. Puisque Hugo fut mêlé de son vivant à tant de querelles qui parurent immenses et déjà deviennent anecdotiques, isolons-le après sa mort des soldats inconnus qu’il a conduits à la bataille ou sur lesquels il a foncé. Il y a chez lui de l’essence d’éternité, mais elle est éparse. Recueillons-la. Même en faible quantité, semée parmi la foule, elle assurera mieux sa renommée que les savants discours des rhéteurs ou les harangues enflammées des politiciens.
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