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la chronique

individuelle qu’il est descendu pour chercher à la fois la cause du mal qu’il maudit et le germe du bien auquel il aspire. D’invention lourde et d’allures lentes, la pensée persévérante de Tolstoï a vraiment réussi à interpréter cette conscience humaine que Victor Hugo n’a fait qu’effleurer par instants.

L’édition à faire.

Il faut donc que les Français en prennent leur parti, leur grand poète national, dans son ascension intellectuelle, n’a point touché au sommet suprême ; il ne s’en est fallu que de quelques pieds mais l’intervalle est notable. Si le monde, dans l’avenir, lit Victor Hugo, ce ne sera que par fragments. On ne fragmente ni Homère, ni Dante, ni Shakespeare ; on fragmentera toujours Victor Hugo et, par là, n’entendez point qu’on fera un choix dans ses œuvres ; aucune de ses œuvres ne pourra s’imposer en entier. Si donc nous voulons que ce grand nom demeure vraiment immortel, comme il méritait de le rester, il faut y aider par un pieux sacrilège. Il faut émonder, élaguer, abattre sans pitié. L’entreprise sera cruelle autant