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la chronique

selon les événements et, surtout, selon leurs opinions personnelles. Les armoiries de la France devraient représenter une Roche Tarpéïenne et un canot de sauvetage, tant la catastrophe et le salut jouent un rôle prépondérant dans notre existence. « Tout est perdu », s’écriait François Ier, à l’issue d’une bataille d’où la vanité royale sortait plus entamée que les destins de la patrie. « Tout est sauvé », se fut écrié, le printemps dernier, M. Jules Lemaître, si au lieu d’une minorité importante, les anti-ministériels s’étaient trouvés certains de posséder dans la nouvelle Chambre, une écrasante majorité. Et de François Ier à M. Jules Lemaître, les mêmes exclamations se sont répétées, à tout propos, sur toutes les lèvres. Appliquées aux événements de politique intérieure, on les a naturellement entendues simultanément par la raison que ce qui est catastrophal aux yeux de Jean est triomphal à ceux de Jacques et vice versa. Rien que dans ce siècle, ont été réputés, tour à tour, avoir sauvé ou perdu la France : Napoléon Ier, Alexandre de Russie, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe, Lamartine, Cavaignac, Napoléon III, Thiers, Gambetta, Jules Ferry et Waldeck-Rousseau. On pourrait