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se trouverait menacée par d’autres, nous la confisquerions aussitôt pour nous-mêmes. Cette politique à la fois pacifique dans le présent et franche pour l’avenir a été affirmée en ce qui concerne le Maroc par M. Delcassé ; ses prédécesseurs n’avaient point eu à la formuler ou avaient jugé téméraire de s’y risquer. Le ministre actuel en a fait l’objet d’un échange de vues avec plusieurs chancelleries et notamment avec l’Italie. Quant au Siam, M. Delcassé a jugé, avec sa netteté de vision habituelle, qu’il devait être à l’égard de la France soumis ou ami et que, du moment que nous ne voulions point faire la guerre pour le soumettre il convenait d’établir avec lui des relations amicales. Pour cela il fallait nécessairement modifier le traité de 1893.

On se rappelle dans quelles conditions il avait été conclu. En 1867 la France sanctionna les conquêtes opérées quelques années plus tôt par le roi de Siam qui avait enlevé au Cambodge les provinces frontières de Battambang et de Siem Reap ; en échange on lui concédait la libre navigation du Mekong. En vain le roi Norodom, et aussi le gouverneur de Cochinchine, protestèrent contre une politique imprudente et peu digne. Quinze ans