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la chronique

Mexicain et sa maladroite partialité en faveur du Sud au début de la guerre civile créèrent aux États-Unis un tel ressentiment qu’on y envisagea sans hésitation ni déplaisir la possibilité d’une guerre. Ce ressentiment fit explosion en 1870 ; beaucoup d’Américains se réjouirent ouvertement des défaites Françaises tandis que les nombreux Allemands émigrés donnaient libre cours aux expressions de leur enthousiasme germanique. Le général Grant, président en exercice, se fit l’interprète de ces sentiments en envoyant à l’empereur Guillaume un message de félicitations qu’il eut le mauvais goût d’adresser au palais de Versailles ; c’est là que Louis XVI avait signé ce traité d’alliance d’où était sortie l’indépendance des États-Unis. Dès lors, les grands souvenirs qu’on s’était plu à cultiver des deux côtés de l’Atlantique ne furent plus que des bibelots sans valeur. Les historiens s’associèrent à ces ingratitudes et leur donnèrent un caractère rétrospectif. L’un des plus célèbres parmi eux alla si loin dans cette voie que, revenu plus tard à une juste appréciation du passé, il modifia le chapitre dans lequel il avait systématiquement diminué le rôle joué par la France dans la guerre de l’Indépendance : mais l’influence de cette mauvaise