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la chronique

nettement tracée pour qu’il fût impossible à chaque nouveau ministre de faire prédominer ses idées personnelles et de modifier gravement l’œuvre accomplie par ses prédécesseurs. Par contre, on a pu voir que lorsqu’un homme de la valeur et de la compétence de M. Delcassé se trouvait investi de cette même direction, il ne jouissait pas de toute la liberté désirable. Ainsi le ministre de passage qui voudrait réaliser de hâtives transformations en sera empêché le plus souvent par la force collective, permanente et traditionnaliste que représentent ses subordonnés, tandis que le ministre stable qui saurait accélérer ou parachever un progrès souhaitable rencontrera volontiers devant lui l’obstacle d’un parlementarisme auquel, en l’absence de souverain, appartient le dernier mot en matière de politique extérieure comme en toute autre matière. La république présente donc en fin de compte certains avantages et certains inconvénients au point de vue des relations de l’État avec les autres États : ce qui est rendu certain par notre expérience présente, c’est que son « Foreign Office » peut jouir d’une indépendance suffisante et réaliser assez de stabilité pour conclure une forte alliance et la maintenir. Ceci dit et sans