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la chronique

à tout chef d’État et impossible au président de la République Française de se substituer à son ministre des Affaires Étrangères. Quant au télégraphe qui prétend-on, annihile toute initiative, c’est là une vue superficielle ; elle ne résiste pas à l’examen. La suppression des distances a limité évidemment le terrain d’action du diplomate auquel des instructions précises peuvent être adressées journellement ; mais combien, d’autre part, les occasions d’action se sont multipliées autour de lui. Pour une affaire que le pli cacheté d’autrefois venait confier à ses soins, la dépêche chiffrée d’aujourd’hui en apporte dix sur lesquelles peuvent s’exercer son ingéniosité, sa clairvoyance et son sang-froid. S’il se sent réduit aux fonctions de chef de bureau, il est à craindre que ce soit sa propre insuffisance qui lui dissimule de la sorte les voies ouvertes à son talent. La vérité, c’est qu’il lui faut plus de qualités diverses et à plus forte dose qu’il n’en fallait à ses prédécesseurs pour réussir. Il sera probablement moins en mesure de conduire une de ces campagnes matrimoniales qui, menées à bien, suffirent à établir dans le passé plus d’une réputation de négociateur ; mais par contre, il devra touchera une multitude de questions