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rendre le service égal pour tous, d’assurer la communauté d’origine de tous les officiers, de supprimer les privilèges, enfin de placer le commandement dans une étroite dépendance du pouvoir civil et, partant, du corps électoral.

Dans l’état actuel des choses en France, l’égalité absolue du service est plus ou moins une chimère. La loi de 1889 a permis de s’en rendre compte. Jusqu’en 1872, le pays avait vécu sous le régime du tirage au sort avec remplacement ou avec possibilité de se « racheter » et service à long terme (sept années) ; les réserves, créées en 1818 par le maréchal Gouvion Saint-Cyr, furent supprimées en 1823 et ne reparurent qu’en 1868 avec le maréchal Niel. La loi de 1872 créa le service obligatoire et essaya, toujours par le tirage au sort, de le concilier avec le maintien du service à long terme, c’est-à-dire qu’une partie du contingent fit cinq ans et l’autre, trois ans.

L’inégalité était un peu trop forte pour demeurer acceptable ; on se préoccupa vite d’y porter remède et la loi de 1889 proclama le principe du service de trois ans, égal pour tous ; mais ce principe même ne constituait qu’une sorte de façade, car les ressources financières du pays ne