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ceau-les-Mines — depuis les motions présentées à la Chambre des Députés par les représentants des groupes réformateurs, jusqu’aux articles parus en tête des journaux avancés, c’est partout la même formule simple, absolue, le même abus de la généralisation : comme si tous les problèmes sociaux se devaient résoudre en une équation du premier degré et que les mesures mathématiques fussent applicables au monde moral. Il va sans dire que dans le camp adverse, des procédés analogues sont en honneur. En face de la ligue des « Droits de l’Homme » se dresse la ligue de la « Patrie Française » ; à la France « victime des Jésuites » on oppose la France « tyrannisée par les Francs-maçons ». Le nationalisme n’a point échappé à la crise et cela ne saurait surprendre que ceux qui n’ont jamais remarqué le traditionnel penchant des Français à la généralisation ; pour les autres, il n’y a là qu’une nouvelle manifestation d’un phénomène psychologique déjà connu.

Au milieu de ce chaos, l’affaire Dreyfus a comme sombré. Les hommes honnêtes et modestes qui en furent les initiateurs avaient cru provoquer la réparation d’une erreur judiciaire ; ils n’avaient certes pas songé au « cas unique » permettant