L’illustre Wurtz qui disait orgueilleusement, dans la préface de son dictionnaire, que « la chimie est une science Française » eut été quelque peu marri d’assister à l’Exposition de 1900, car il y eût constaté l’éclatant triomphe de la chimie Allemande. Ce triomphe est un fait très caractéristique des conditions nouvelles dans lesquelles les sciences se développent. Que la chimie ait été créée en quelque sorte par Lavoisier, et que ce grand homme ait eu pour héritier un Berthollet, un Gay-Lussac, un J.-B. Dumas, un Sainte-Claire Deville, il ne s’ensuit pas que la France doive garder le monopole du progrès chimique ; mais ce qui est étrange, c’est qu’elle possède aujourd’hui, un Berthelot, un Moissan, un Haller, un Troost, un Le Bel, c’est-à-dire des savants qui ne le cèdent en rien à ce que l’Allemagne compte de plus justement célèbre dans cet ordre de connaissances. D’où vient qu’avec un pareil état-major, son infériorité, au point de vue des résultats obtenus, soit si grande par rapport aux résultats auxquels atteignent ses voisins de l’Est ? La réponse est aisée ; les maîtres Français n’ont point d’élèves ;