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traînés trop loin et d’endosser des responsabilités trop lourdes ? La chose est probable. Que si, à des craintes exagérées mais excusables s’était joint le souci de ne point fournir à un officier supérieur l’occasion d’acquérir un prestige qui put ajouter à la popularité de l’armée, on ne saurait que regretter un tel manque de patriotisme ; mais il n’est pas permis de s’arrêter, sans preuves, sur un pareil soupçon. La rumeur publique, dans tous les cas, exonère M. Delcassé de tout reproche en cette affaire. Le ministre des affaires étrangères aurait, dit-on, vainement essayé de convaincre ses collègues. N’y réussissant pas, il comprit de son coup d’œil clairvoyant que la France, à défaut de la présidence des opérations de guerre, devait exercer celle des négociations de paix ; affaire délicate à conduire, car il ne pouvait être question d’offrir une médiation qui eût signifié, vis-à-vis de la Chine, une sorte de rupture du concert Européen ; mais M. Delcassé n’en est pas à son coup d’essai ; il laissa passer les propositions Russes, les discours de l’Empereur d’Allemagne, les multiples communications Américaines, la circulaire de M. de Bulow et, lorsque tous les partis eurent été mis en avant, depuis les plus follement indulgents jus-