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la chronique

indépendants des pouvoirs publics. Ces deux points de vue étant absolument opposés, ne sont conciliables en aucune façon et la paix ne peut régner que lorsque, par une entente tacite, chaque parti s’abstient de rappeler à l’autre l’objet du litige. Si le gouvernement veut dénoncer la trêve, il le peut toujours car, à défaut du clergé proprement dit, qui soulève rarement des incidents, les congrégations, soumises à une législation peu logique et fort compliquée, sont sans cesse susceptibles d’être poursuivies pour infractions à la loi.

Le cas des Pères Assomptionnistes se compliquait d’ailleurs de leur ingérence électorale. Fondateurs et propriétaires du journal La Croix, qui se publie à Paris et a essaimé dans un très grand nombre de villes de province, des « Croix » régionales, ces religieux avaient fini par exercer une action politique assez puissante, et qui ne laissait pas de contrarier vivement beaucoup de catholiques, d’inquiéter le nonce apostolique et dit-on, le Pape lui-même. Leur condamnation — dès qu’on s’attaquait à eux — ne pouvait faire de doute : les juges firent preuve d’ailleurs de modération, en taxant chacun des prévenus à 16 francs