Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
de france

quoi les empreintes antérieures y sont partout visibles. L’ancienne Monarchie, la Révolution, les gouvernements constitutionnels, les deux Empires, n’ont point passé sur la France sans y marquer leur trace, sans lui créer des traditions et des obligations qu’il serait imprudent de méconnaître. Les auteurs des précédentes révolutions s’étaient dispensés d’en tenir compte parce qu’ils agissaient au nom d’une légende qui avait réponse à tout et constituait, à elle seule, leur programme intégral ; mais cette fois, il n’y avait plus de légende ; les Français étaient non moins éloignés des exaltations philosophiques de 1792 que des enthousiasmes guerriers de 1804 ; aussi firent-ils profiter leur construction de tous les matériaux demeurés à portée. De là viennent son caractère éclectique, son élasticité et sa solidité.

Les rouages administratifs et les codes napoléoniens furent conservés ; nul régime, d’ailleurs, n’avait été assez osé pour y porter la main ; ce bloc massif défiait les efforts des plus audacieux travailleurs et son immuabilité, au milieu de tant de choses mouvantes, avait grandement contribué à en faire un monument national ; les petits bourgeois surtout l’envisageaient ainsi et les paysans y