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par les étrangers ; que le peuple, aux Cent-Jours, ne partagea pas l’enthousiasme des soldats ; que la révolution de 1830 fut conduite, à la faveur d’une émeute, par deux cents députés qui n’avaient reçu pour cela aucun mandat ; que celle de 1848 fut une surprise préparée, il est vrai, par le fol entêtement du Roi et de son gouvernement et facilitée par la faiblesse organique du régime ; qu’enfin le coup d’État de 1851, pour illégal qu’il ait été, n’en fut pas moins perpétré avec la complicité morale de la majorité des Français. À la lueur de ces faits apparaît une nation qui, sauf lorsqu’elle acclama en Louis-Napoléon le protecteur de ses intérêts matériels un instant menacés, subit, bien plus qu’elle ne les provoqua, les modifications successives de l’ordre public — une nation assoiffée de sécurité et de travail fécond et qui, à défaut de clairvoyance, mérite d’être admirée pour sa persévérance à reconstruire le foyer renversé.

On serait en droit de s’étonner, il est vrai, de la résignation qui rendit cette persévérance nécessaire. Pourquoi tolérer cette série de catastrophes ? Les peuples qui tiennent à leur repos et n’ont point de graves motifs de plainte contre leurs gouvernements n’admettent pas facilement l’utilité